Mémorial numérique de Bois-Colombes

Le parcours de Georges Bardoux

Lettre envoyée par la Société anonyme des Films Imperia à Georges Bardoux le 30 avril 1946.
Lettre envoyée par la Société anonyme des Films Imperia à Georges Bardoux le 30 avril 1946.

Cette lettre, envoyée après la mort de Georges, concerne un petit rôle dans le film Petrus, où jouait notamment Fernandel.

(AMBC, 62 NUM 30 – don de Lucienne Le Picard).

Georges Henri Victor Bardoux est né le 27 septembre 1924 à Bois-Colombes. Son père, Louis Victor Bardoux, né en 1896 à Paris, vit à Bois-Colombes avec ses parents et sa sœur depuis 1912. En 1923, Louis Bardoux, devenu commis d’hypothèque, épouse Louise Henriette Quintin1, née en 1905 à Paris, dactylographe. Le couple s’installe provisoirement avec la famille de Louis au 29, rue des Halles2 à Bois-Colombes, où naîtra leur fils aîné, Georges. Après la naissance de leur fille Christiane, en 1928, Louis et Henriette Bardoux déménagent au 9, avenue Emilienne puis, en 1931, s’installent au 22 bis, de la rue de la Renaissance3 ; c’est là que naîtront deux autres enfants, Daniel ,en 1935 et Lucienne ,en 1939.

Au début des années 1940, Georges Bardoux, qui veut devenir acteur, s’inscrit aux «cours de cinéma» donnés par Alexandre Mihalesco4 dans les locaux des Studios Wacker (69, rue de Douai, dans le 9e arrondissement de Paris). A cette époque, il copie de nombreuses scènes tirées de diverses pièces de théâtre, et, lors d’auditions, interprète notamment des scènes de La Petite Chocolatière (Paul Gavault, 1909), L’Amour veille (Robert de Flers et Gaston Armand de Caillavet, 1907) et d’une adaptation du roman L’Araigne (Henri Troyat, 1938). On ignore cependant s’il a eu l’occasion de jouer au théâtre ou au cinéma.

[BARDOUX Louis], Tombe de Georges Bardoux dans le cimetière de Quistinic
[BARDOUX Louis], Tombe de Georges Bardoux dans le cimetière de Quistinic

(Morbihan),1944 (AMBC,62NUM2 don de Lucienne Le Picard).

En 1944, Georges Bardoux s’engage dans la Résistance et devient soldat dans le 5e bataillon des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) ; peut-être cet engagement est-il lié, comme cela a souvent été le cas, à un refus de partir en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (en 1944, Georges Bardoux atteint en effet ses vingt ans, l’âge du départ pour le Service de Travail Obligatoire - STO). En juin ou juillet 1944, le groupe dont il fait partie s’installe pour quelque temps dans le Morbihan, près de Quistinic (notamment au lieu-dit de Kerbourden), où a été aménagée une infirmerie pour les maquisards dans la chapelle du Cloître, près du château de la Villeneuve-Jacquelot.

C’est là que, le 24 juillet 1944, vers 16 heures, ils sont surpris et encerclés par des soldats allemands. Les deux soignants de l’hôpital, un étudiant en médecine et une infirmière sont fusillés. Georges parvient à s’enfuir, ainsi que quelques-uns de ses camarades, mais il est abattu par les Allemands dans un champ à proximité d’un hameau dénommé Le Roch5. Blessé à la tête et à la poitrine, il meurt sur le coup ; le même jour, treize autres résistants sont tués dans la rafle et le hameau de Kerbourden est incendié. Le corps de Georges est inhumé par la Croix-Rouge dans le cimetière de Quistinic.

L’annonce de sa mort ne parvient cependant pas aussitôt à sa famille. En effet, il est «porté disparu», ainsi que de nombreux autres résistants. Au bout de trois mois, considérant que Georges Bardoux est probablement mort, l’Etat-Major des FFI écrit à son père, Louis Bardoux, pour le lui apprendre.

Le monument du hameau de Kerdinam, près de Quistinic, à la mémoire des 26 résistants tombés à Quistinic en 1944.
Le monument du hameau de Kerdinam, près de Quistinic, à la mémoire des 26 résistants tombés à Quistinic en 1944.

Le nom de Georges Bardoux y figure.
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En novembre 1944, Louis Bardoux décide de partir pour la Bretagne, afin d’apprendre ce qui est arrivé à son fils et de découvrir où il est enterré. Après plusieurs jours de recherches, il parvient jusqu’au cimetière de Quistinic. Une fois rentré à Bois-Colombes, il réussit à apprendre les circonstances de la mort de Georges en écrivant à ses anciens camarades.

Ce n’est qu’un an après son décès, en juillet 1945, que Georges Bardoux est officiellement reconnu mort par les autorités6. Un monument est dressé dans le hameau de Kerdinam, près de Quistinic, à la mémoire des 26 résistants tombés à Quistinic en 1944. Louis et Henriette Bardoux entreprennent, à cette époque, des démarches pour rapatrier le corps de leur fils à Bois-Colombes (entre-temps, ils se rendent à plusieurs reprises sur sa tombe à Quistinic, en bénéficiant de la gratuité des transports accordée par l’État pour les familles souhaitant visiter la tombe d’un Mort pour la France).

En 1948, grâce à l’intervention du député de la Seine Edmond Barrachin, le corps de Georges Bardoux est exhumé et ramené à Bois-Colombes, où il est enterré dans le cimetière municipal7.

1 Son second prénom, Henriette, est le prénom qu’elle utilise au quotidien.
2 La rue des Halles est devenue en 1944 la rue d’Estienne-d’Orves.
3 En 1947, la rue de la Renaissance a été renommée rue de l’Abbé-Jean-Glatz.
4 Alexandre Mihalesco (1883, Bucarest – 1974, Paris) est un acteur roumain qui a joué dans de nombreux films français, comme Le Duel (Pierre Fresnay, 1939) ou Le Chant de l’Exilé (André Hugon, 1942).
5 Ce hameau se trouve sur le territoire de la commune de Quistinic (Morbihan).
6 En temps de guerre, de tels délais ne sont pas rares.
7A cette époque, la ville de Bois-Colombes s’attache à honorer les combattants de la Seconde Guerre mondiale : ainsi, lors de l’inauguration de la rue du Général-Leclerc (ancienne rue des Aubépines), le 23 mai 1948, en présence de la veuve du Général, un hommage public est rendu à l’ensemble des Bois-Colombiens morts pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale.