Mémorial numérique de Bois-Colombes

Observations sur la transcription

Les lettres envoyées par Roger Plisson à ses parents nous offrent une vision très détaillée de la vie sur le front, que ce soient certains combats ou des événements de la vie quotidienne (la réception d’un colis alimentaire, la description des mauvaises conditions d’hygiène, etc.).

Néanmoins, à la simple lecture de ces lettres, il est impossible de situer l’endroit d’où Roger Plisson écrit. En effet, comme il l’indique, il lui est interdit de donner des noms de lieux, pour des raisons de sécurité (si les lettres étaient interceptées par l’ennemi, la position de sa troupe resterait ainsi inconnue). Cette censure militaire est fréquemment évoquée : «il est des détails que je ne puis pas te donner par écrit», «la censure arrêterait ma lettre», etc. De même, les villes et villages traversés sont indiqués par leur première lettre. Cependant, un carnet tenu par Roger Plisson pendant toute la guerre, sur lequel il a indiqué les lieux dans lesquels il est passé, permet de retrouver les noms exacts (qui sont alors indiqués en notes de bas de page).

Hors ces approximations rendues nécessaires par la censure, les récits de Roger Plisson sont la plupart du temps très précis. On pourrait d’ailleurs s’étonner des détails relativement sanglants transmis à ses parents («ce qui est épouvantable c'est de voir des bras, des jambes, sortir de terre, le tout répand une odeur horrible de putréfaction»), alors que, dans la correspondance de nombreux poilus, on retrouve plutôt le souci de parler de choses banales et de taire la réalité du front.

Il tente tout de même de rassurer sa famille sur son propre sort : «Ce matin, un petit éclat d'obus à bout de course, est venu me frapper au menton ; c'est à peine si 2 gouttes de sang ont perlé ; ce soir, cela ne se verra plus» (lettre du 8 juin 1916). S’il ne cache pas le fait que certains de ses camarades soient blessés, faits prisonniers ou tués, il précise toujours qu’il a eu la chance d’en sortir indemne. Ainsi, le 29 mars 1918, il écrit : «au cours d'un combat à pied d'une extrême violence, parti en patrouille en terrain découvert sous un feu intense de mitrailleuses […], j'en suis ressorti sans une égratignure. […] Mon capitaine est blessé et prisonnier ; le Maréchal des logis-chef [Finot], prisonnier ; le brigadier Michaut, […] tué d'une balle en plein cœur». De même, le 18 juillet 1918, au moment de l’offensive de Montvoisin, il écrit à sa mère «tout va bien jusqu’à présent», bien que l’on sache que la bataille a été très dure et que son unité a subi de nombreuses pertes.

Si les lettres de Roger Plisson offrent tant de détails, c’est sans doute aussi parce que ses correspondants, son père en particulier, sont très intéressés par les événements du front (dans une lettre à son père, il écrit «je m’empresse de te donner les détails demandés»). Cette hypothèse est confirmée par les «souvenirs du front» que Roger Plisson envoie de temps à autre à son père (un livret militaire allemand en août 1915, des fleurs cueillies dans la tranchée en juin 1916). Cela s’explique notamment par le fait que ses parents semblent proches du milieu militaire (ils connaissent plusieurs des officiers que Roger Plisson mentionne dans ses lettres).

Dans la dernière lettre écrite juste après le 11 novembre 1918, Roger Plisson évoque la joie qui règne autour de lui («hier soir, tous les villages ont carillonné»), ainsi que son propre soulagement («je ne puis pas me faire à l'idée que c'est fini... C'est trop beau !»). Il est néanmoins à noter que la fin de la guerre ne signifie pas une démobilisation immédiate pour lui, puisqu’il ne quittera l’armée qu’en septembre 1919.


Le symbole […] indique un passage illisible. Les termes, parties de terme ou groupes de termes entre crochets ([terme]) sont difficilement lisibles, et leur transcription est donc incertaine. Les termes entre parenthèses (…) font en revanche partie du texte original. Il arrive que la fin d’une lettre, par manque de place, «déborde» sur le début de cette même lettre. Cette situation est alors indiquée par une note de bas de page. Pour le confort de la lecture, les fautes d’orthographe ont été corrigées, et les abréviations les plus courantes développées. Les abréviations et termes spécifiques sont expliqués dans le lexique ci-après. Le nom de l’expéditeur et du destinataire de la lettre, ainsi que la date de celle-ci, sont indiqués en haut de chaque page de la transcription. Les notes de bas de page ont été rajoutées par le transcripteur et n’appartiennent pas au document d’origine.