Le contexte
A la veille de la Première Guerre mondiale, malgré une baisse du nombre de tirages, Le Petit Journal reste l’un des principaux quotidiens nationaux français. On peut donc supposer que son supplément illustré dominical, auquel collabore Eugène Damblanc, est largement diffusé au sein de la population.
Les images et les articles publiés tout au long de la guerre par l’ensemble de la presse française sont très révélateurs.
La presse est, en effet, un outil d’information sur le déroulement des combats, la situation des alliés et des ennemis, les conditions de vie sur le front, mais c’est aussi un instrument de propagande qui peut exalter le bellicisme, le patriotisme et l’antigermanisme de la population.
Dès le 2 août 1914, les journaux sont censurés par le ministère de la Guerre qui étudie chaque parution et interdit la publication d’opinions dissidentes, de renseignements pouvant servir à l’ennemi et d’informations susceptibles d’affaiblir le moral des troupes ou de la population. Pour autant, la violence et la dureté des conditions de combat ne sont pas cachées au public, à l’exception des mutineries de 1917 qui sont passées sous silence.
Les illustrations sont souvent moins censurées que les textes, l’analyse d’images étant un domaine qui n’est pas toujours maîtrisé par les censeurs. A cette époque, les photographies, réalisées par des correspondants de guerre ou des photographes combattants, supplantent peu à peu le dessin et la gravure. Pourtant, le Supplément illustré du Petit Journal continue à favoriser le dessin (sur les premières et dernières pages de chaque numéro), tandis que les photographies ne sont visibles qu’à l’intérieur de la revue, en petit format. En effet, le matériel photographique, encore assez encombrant, ne s’avère pas forcément pratique dans les zones de combat. Le dessin permet, en outre, d’interpréter la réalité et de tenir un discours plus symbolique, tout en rendant plus supportable l’extrême violence qui est parfois dépeinte.