Le témoignage des documents
Les dessins réalisés par Eugène Damblanc pour le Supplément illustré du Petit Journal sont accompagnés de textes explicatifs rédigés par Ernest Laut. Une partie de ces nombreuses gravures (environ une par semaine entre 1914 et 1918) est présentée dans ce parcours.
Les dessins de Damblans représentent, pour la plupart, des épisodes précis se déroulant sur le front ou à l’arrière, en France ou à l’étranger, qui permettent d’aborder différents thèmes. Ces illustrations cherchent d’abord à faire passer un message patriotique : nombreuses sont celles qui représentent les pertes subies par l’ennemi lors de grandes batailles (voir gravures n°5 et 10), les portraits d’officiers victorieux, la bravoure des pays alliés comme la Serbie (voir gravure n°7), ou encore la soif de liberté de l’Alsace (voir gravure n°11). Les figures de héros populaires sont également très présentes, qu’ils soient de simples soldats (voir gravure n°2) ou «héros de l’arrière», comme l’ouvrière parisienne (voir gravure n°12), le Français soutenant la Défense nationale (voir gravure n°3) ou la famille du poilu (voir gravure n°13).
A travers ces figures symboliques, c’est l’héroïsme de la nation toute entière qui est exalté.
Au patriotisme s’ajoute un évident antigermanisme qui s’illustre d’abord par les termes employés dans les titres des gravures : l’empereur allemand Guillaume II est qualifié de «barbare» (voir gravure n°5), les Allemands de «Boches», etc.
L’accent est mis sur les défauts de l’ennemi, principalement la cruauté (dans sa façon de traiter les populations civiles et leurs prisonniers, voir gravures n°4 et 8) et la lâcheté. Certaines illustrations permettent également de ridiculiser l’ennemi : dans la gravure n°10, des officiers allemands tournés en dérision se pavanent dans Bruxelles réduite à la famine ; dans la gravure n°14, les poilus bombardent des bonhommes de neige à l’effigie de l’empereur Guillaume II et de son fils. Là encore, Damblans n’hésite pas à employer la métaphore : la gravure n°6 montre les Allemands littéralement «embourbés» sur le front de Russie.
Pour autant, Damblans ne cherche pas à cacher la violence de la guerre. Les cadavres ne manquent pas, qu’ils soient militaires ou civils, alliés ou ennemis. Cette violence transparaît aussi dans les ruines qui servent de théâtre à certaines scènes, les arbres déchiquetés et les paysages boueux. Les scènes de combat (voir gravures n°10 et 15) soulignent l’aspect démesuré du conflit.